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Article Invité de Vincent Delourmel: Mémoriser vite ou bien ?

J'ai le plaisir d'accueillir le premier article invité sur le blog Apprendre Vite et Bien. Et c'est un invité de marque qui me fait l'honneur de partager son savoir: Vincent Delourmel. Vincent est un célèbre mnémoniste (artiste de la mémoire) français. Il a participé à de nombreuses émissions de télé et anime le site les-secrets.com consacré à la mémoire et au développement personnel.
Je laisse maintenant la place à Vincent Delourmel...
Il est un mythe qui prétend qu'en appliquant certaines stratégies, il est possible de mémoriser vite et bien à peu près tout ce qu'on désire. S'en suit en général une démonstration de mémoire étonnante utilisant des procédés mnémotechniques, des outils comme le mind-mapping etc... Tous ces outils donnent des résultats, en général. Mais à y regarder de plus près, on s'aperçoit que tout n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. Pour retenir des informations, il est nécessaire des les capter via ses différents sens : la vue, l'ouïe, le toucher, le goût, l'odorat. Or que sait-on des mémoires sensorielles ? Que leur durée est extrêmement brève, de l'ordre de 400 millisecondes ! La seule solution pour contrôler l'information, c'est de faire appel à son attention, donc de se focaliser sur l'information qui nous intéresse. Mais là non plus, tout n'est pas si simple : la densité des cônes de l’œil n’est pas la même au milieu et en périphérie. Ainsi, ce qu'on appelle la vision fovéale, celle qui est active et consciente, est très précise tandis que la vision périphérique, passive et inconsciente, l’est beaucoup moins.
Mémoire sensorielle
Mémoire sensorielle
Laëtitia M
De ce fait, le cerveau humain, tel qu'il est conçu, a du mal à traiter beaucoup d'informations en même temps. Il doit donc faire des choix. Et plus vous lui demandez d'aller vite, plus il capte des informations sur du très, très court terme et de façon imprécise. En revanche, plus vous lui laissez de temps, moins il capte d'informations, mais pour plus longtemps et de façon plus précise. C'est pour cette raison que mémoriser demande un minimum de temps : la structure même de votre cerveau ne vous permet pas de mémoriser vite comme ça. Est-ce que pour autant cela signifie que nous sommes condamnés à ne pas pouvoir progresser dans nos capacités de mémorisation ? Non, fort heureusement : notre cerveau est une machine de guerre capable de s'adapter. En fait, il faut comprendre une autre facette de votre mémoire. Parler de la mémoire est une erreur. On devrait parler de nos mémoires. Car cette capacité est plurielle. Il y a pour ainsi dire autant de mémoires que de sources d'informations. Celle des images est appelée « mémoire icônique », celle des sons « mémoire échoïque » etc... La mémoire n'est pas un organe, c'est une faculté qui concerne l'ensemble du cerveau. Aussi, toutes les informations ne sont pas stockées au même endroit. Surtout, et c'est là que ça devient intéressant, ça n'est pas parce que vous êtes un champion dans la mémorisation des poésies par exemple que vous l'êtes dans la mémorisation des formules mathématiques.
Gestion de l'information
Gestion de l'information
Laëtitia M
Les champions de la mémoire, ces athlètes mentaux qui, chaque année, relèvent des défis comme mémoriser des cartes à jouer, des listes de mot, des nombres et autres informations à vitesse grand V le montrent bien : leur capacité de mémorisation rapide est surhumaine. Ainsi, le record du monde de mémorisation d'un jeu de 52 cartes mélangées se situe aux alentours de 20 secondes. Mais, chose plus étonnante, si vous demandez à ces champions de mémoriser par exemple une série de mots de vocabulaire compliqués ou étrangers, ils ne sont pas meilleurs que vous ou moi.
Pourquoi ?
Parce qu'ils ne sont pas entraînés à cette source d'information spécifique, tout simplement. Et c'est là le grand secret de la mémorisation « rapide » : l'entraînement. Vous avez naturellement des capacités qui sont ce qu'elles sont de par la nature même de votre cerveau. Ces capacités peuvent être améliorées par de l'entraînement spécifique. C'est-à-dire que vous aurez beau faire des jeux pour la mémoire, vous ne deviendrez pas pour autant un champion dans la mémorisation d'un jeu de cartes ou d'une poésie. Si vous voulez mémoriser vite des poésies, vous devez vous entraîner spécifiquement à ça.
D'une façon générale, toutes les méthodes que vous pouvez utiliser vous demande à un moment donné de l'entraînement. Prenez le Mind-Map : depuis des années que j'enseigne l'art de la mémoire, lorsque j'aborde la cartographie de l'information, les apprenants trouvent ça compliqué. C'est nouveau, ils ne sont pas habitués à ça. Il leur faut un temps d'adaptation pour intégrer la méthode. Puis il faut la mettre en pratique pour s'en servir avec efficacité. Au final, cartographier une information prend un minimum de temps, nécessaire pour bien traiter l'information. Ce faisant on retient mieux mais pas forcément plus vite... sauf si on est entraîné à ça.
Bien mémoriser
Bien mémoriser
Laëtitia M
Conclusion : pour mémoriser vite et bien, entraînez-vous à mémoriser vite et bien de façon spécifique. Sinon vous devrez faire le choix entre mémoriser vite OU bien.  
Avatar de CyrilPublié le lundi 1 novembre 2021 à 08h16 par Cyril
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